Trumilly est une commune autrefois traversée par la voie flandreuse, un axe stratégique reliant les Flandres à Lyon via Meaux et Sens. Ce passé routier témoigne de l’importance du village dès l’époque médiévale, et bien au-delà.

Le territoire de Trumilly s’articule autour de trois hameaux encore habités :

  • Drucy, tout proche au nord-est, jadis doté d’une chapelle dédiée à Saint Denis, aujourd’hui disparue. Ce hameau comprend deux fermes : la Citerne, reconnaissable à son colombier octogonal du XVIIIe siècle et sa statuette de saint, et la ferme Saint-Rieul.
  • À l’ouest, Le Plessis-Cornefroy, situé au pied du mont Cornon, rivalisait autrefois en importance avec Trumilly. Sa seigneurie appartenait à l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris. C’est cependant Trumilly qui est devenu le village principal, car seul il a conservé son église.
  • Beaurain, plus au sud-ouest, abrite une grande ferme installée sur l’ancien site d’une sucrerie. Ce lieu, chargé de mémoire, a même servi de décor à la scène finale du film Le Pacha avec Jean Gabin en 1968.

Vers le milieu du XIXe siècle, un quatrième hameau, Chaversy, existait encore avec sept maisons, mais il n’en subsiste aujourd’hui aucune trace. Situé sur les pentes du mont Cornon, Chaversy fut un lieu stratégique fortifié à l’époque de Charlemagne, qui l’avait donné à Oger le Danois. Ce dernier y fit bâtir un château à la gorge Saint-Benoît, dont les vestiges subsistèrent jusqu’au XVIIIe siècle. Cette forteresse, assiégée puis prise par ruse par les Navarrais en 1358, fut ensuite récupérée par le Dauphin pour 250 florins d’or. Ruinée par les guerres du XVe siècle, elle subit un dernier saccage durant les troubles de la Ligue.

À proximité de Drucy, le site de Balisy — aujourd’hui disparu — a livré des médailles romaines, et aurait accueilli une chapelle, ce qui témoigne de l’ancienneté de l’occupation humaine dans la région.

Trumilly est surtout connu pour son église Notre-Dame, classée monument historique depuis 1914. Elle conserve un portail roman de la fin du XIe siècle, proche de celui de Saint-Vaast de Longmont. L’actuelle église résulte d’une transformation gothique d’un édifice roman antérieur, avec un chœur rayonnant édifié entre 1230 et 1240. Malgré six campagnes de construction successives, l’ensemble est d’une remarquable harmonie architecturale. Le clocher actuel remplace l’original juste avant la Révolution.

Le village propose un cadre de vie paisible et dynamique : la Grange du Plessis, ancien bâtiment agricole reconverti, est aujourd’hui un lieu culturel accueillant spectacles, concerts, conférences et débats. Le foyer de vie Saint-Rieul, accueillant de jeunes adultes en situation de handicap, fut financé par Lino Ventura à travers l’association Perce-Neige. Il abrite un très beau colombier. Et à proximité de l’église, on trouve un petit stade, une aire de jeux, une pétanque, une aire de pique-nique, ainsi qu’une micro-bibliothèque conçue et animée par l’association L’Art en chemin, qui promeut l’art et la littérature en pleine nature. Chaque été, des expositions de poèmes, textes et photographies prennent vie sur les chemins environnants.

Enfin, Trumilly est aussi un village d’écrivains : Gérard Bertuzzi, ancien ingénieur chez Poclain, devenu auteur de polars, et Alain Bron, nouvelliste, romancier et essayiste plusieurs fois primé, président d’une compagnie théâtrale et figure active de L’Art en chemin.

Le village compte cinq fermes : une à Trumilly, une à Beaurain, une au Plessis-Cornefroy, et deux à Drucy — dont l’une accueille la Brasserie Saint-Rieul.

Enfin, à l’entrée nord du village, une borne Michelin de 1959 en pierre de lave, restaurée avec passion, accueille les visiteurs — comme une ultime signature du temps.