Un village chargé d’histoire à 1h de Paris
Gondreville est un petit village qui témoigne de plusieurs siècles d’occupation et d’événements marquants. Deux sites d’occupation distincts ont été mis au jour sur le territoire de Gondreville, avec un écart de près de 200 ans. Le premier remonte à l’époque gallo-romaine (Ier-IIIᵉ siècle) et s’étend sur 2,5 hectares. Il a été découvert à cet emplacement de nombreux celliers, des parcelles et des fosses, mais rien n’indique quelles cultures étaient pratiquées. Le second site correspond lui à une implantation mérovingienne datant du Vème siècle et s’étendant jusqu’au IXème siècle. Sur 1,5 hectare de site, ce sont 125 structures qui ont été découvertes, confirmant l’importance de cette zone dans l’histoire régionale.
Evolution du village
Au fil des siècles, Gondreville a connu plusieurs mutations. Au Moyen Âge, le village appartint à Gauthier d’Aunay avant qu’il ne cède ses droits au comte de Valois. Mais en 1348, Philippe II de Valois, futur roi de France, l’abandonna à son maître d’hôtel. Le village conserve cependant les traces d’un ancien château fort doté de sa propre église. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une tour carrée datant du XIIᵉ siècle, une tour ronde du XVIᵉ siècle, ainsi que des bâtiments plus récents du XIXᵉ siècle. La légende raconte que des souterrains reliaient autrefois l’église au château et s’étendaient jusqu’à Crépy et Villers-Cotterêts.
L’actuelle église Saint-Martin, construite en 1901, s’inspire de l’architecture médiévale. Elle succède à l’ancienne église disparue sous la Révolution française, possiblement restaurée avant d’être finalement démolie au début du XXᵉ siècle.
Les curiosités de Gondreville
Parmi les curiosités locales, Gondreville abrite une borne royale, dite « borne Trudaine », mise en place sous Louis XV dès 1745 pour rénover le réseau routier. Elle porte le nom de Trudaine en hommage à Daniel-Charles Trudaine et son fils Jean-Charles Philibert qui ont eu pour mission de réformer, rénover et remodeler les routes de France. Numérotée 32, elle est située à 32 000 toises (environ 64 km) du parvis de Notre-Dame de Paris qui est le point zéro de tous les départ de route du pays. Il est possible d’apercevoir sur les bornes Trudaine une cartouche composée d’une fleur de lys (emblème royal). Mais ces fleurs de lys ont souvent été remplacées par un bonnet phrygien ou bien ont été martelées sous la Révolution française, comme il est le cas pour celle de Gondreville. La borne royale de Gondreville, comme celles entre le Nanteuil-le-Haudouin et Vaumoise, porte un mystérieux S. Son origine reste incertaine, mais une hypothèse suggère qu’il fut gravé sur ordre du comte de Lévignen. En 1728, ce dernier obtint du roi la déviation de la route Paris-Soissons via Nanteuil, Lévignen et Gondreville, officiellement pour raccourcir le trajet, mais surtout pour stimuler l’activité locale et percevoir des taxes. Vers 1769, l’itinéraire de la route du Sacre empruntée par les rois pour rejoindre Reims est modifié. Elle ne passera plus dorénavant par Crépy-en-Valois et Vaumoise mais par Nanteuil-le-Haudouin, Lévignen et Gondreville avant de rattraper son tracé originel. Il est donc probable que le « S » marque ce nouvel itinéraire royal.
Les légendes qui entourent Gondreville trouvent leur origine dans les vastes bois qui l’environnent. Le bois de Tillet et la forêt de Retz offrent un cadre enchanteur, propice aux randonnées et aux balades en pleine nature, dans une atmosphère presque féérique. Parmi ces récits, celui du « chêne du Roi » occupe une place particulière. Au XVIIIᵉ siècle, cet arbre centenaire donna naissance à quatorze autres chênes, dont la taille et la robustesse permirent de créer une table ronde. C’est alors autour de la table ronde de la forêt de Retz que Louis-Philippe, duc d’Orléans, aimait s’attabler avec sa suite lors de ses chasses royales.
La légendaire Tour du Diable
Autre lieu emblématique, la « Cave du Diable » fascine encore aujourd’hui. Autrefois refuge de brigands et de voleurs, elle fut le théâtre d’un événement marquant en 1185 : attaquée par des malfaiteurs, Éléonore de Valois fut sauvée par ses serviteurs. Pour protéger les voyageurs, elle fit alors édifier une tour de six mètres de diamètre et cinq étages. Reliée aux tours de Crépy, Lévignen, Thury, May, Montaigu et Montépilloy par un système de signaux lumineux, elle devint peu à peu la légendaire « Tour du Diable ». Au XVIIᵉ siècle, ce bastion servit de repaire aux brigands jusqu’à ce que le cardinal Mazarin, face à un soulèvement des Valoisiens, en ordonne la destruction. Une cave fut mise au jour sur le site en 1830, mais elle demeure aujourd’hui obstruée, laissant planer le mystère sur ce lieu chargé d’histoire.