Situé à la frontière entre l’Oise et l’Aisne, Vauciennes est un village chargé d’histoire, au croisement des grandes routes, des guerres et des époques. Divisé en deux entités, le vieux village, niché au creux de la vallée de la rivière de l’Automne, et le village haut, plus récent, Vauciennes raconte à travers ses pierres et ses paysages une histoire riche, parfois mouvementée, souvent méconnue.

Traversée par la Nationale 2, autrefois route stratégique vers les Flandres et aujourd’hui axe entre Paris et la Belgique, Vauciennes incarne un territoire de passage, de mémoire et de transformation. Entre son église gothique, les traces de son activité industrielle, les vestiges militaires et ses demeures historiques, le village propose une lecture passionnante de l’histoire de France, enracinée dans la terre fertile de la vallée de l’Automne.

Dès le Moyen Âge, Vauciennes relevait de la seigneurie des comtes de Crépy. Le duc d’Orléans céda ces terres à l’abbaye de Longpont en échange de terres forestières dans la forêt de Retz. Plus tard, Catherine II, abbesse de l’abbaye du Parc-aux-Dames à Auger-Saint-Vincent, acquit les dîmes de Vauciennes entre 1207 et 1224, témoignant de l’importance spirituelle et économique du territoire.

C’est dans la partie la plus ancienne du village, au bord des marécages de la vallée, que s’élève l’église Saint-Léger, classée Monument Historique depuis 1951. Édifiée entre la fin du XIIe siècle et le second quart du XIIIe, elle constitue un exemple complet de l’architecture gothique : une grande rosace, des voûtes élégantes… Mais son emplacement sur un sol humide met ses murs à rude épreuve.

Vauciennes a été le théâtre d’événements dramatiques pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Pour freiner l’avancée des troupes prussiennes, le maire fit enlever les pavés de la route. En représailles, les Prussiens pillèrent la mairie et tentèrent d’exécuter le maire, l’attachant à une roue de canon. Il fut sauvé in extremis par le rappel de troupes ennemies vers Villers-Cotterêts.

Durant la Première Guerre mondiale, l’escadrille Guynemer installa ses avions face à la sucrerie. Cette présence militaire attira des bombardements allemands qui touchèrent durement la région.

Dès 1858, Vauciennes s’industrialise avec la création d’une sucrerie, complétée par une raffinerie, une distillerie et une râperie. Équipée d’une machine à vapeur et d’une installation rare de noir animal pour blanchir le sucre, elle est raccordée au chemin de fer du Nord en 1863 par la gare de Vaumoise, dont subsiste un vestige. L’ensemble ferme en 1999 et est rasé en 2001, mettant fin à un pan essentiel de l’économie locale. À proximité, un château, aujourd’hui disparu, dominait autrefois l’activité industrielle.

À quelques kilomètres, le manoir du Plessis-au-Bois, classé Monument Historique depuis 1999, incarne l’élégance rurale de la fin du Moyen Âge. Composé d’un logis ancien, d’une tour-donjon, d’une aile Renaissance, et entouré de jardins clos, il appartint à Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, puis au Régent. Restauré depuis 1996, il abrite aujourd’hui des chambres d’hôtes et un jardin en “chambres de verdure” : verger, potager fleuri, bassins… dans un cadre bucolique entouré de murs d’enceinte et bordé de forêt domaniale.

Entre Vauciennes et le Plessis, des fouilles dans une sablière ont mis au jour les vestiges d’un cimetière mérovingien, preuve d’une implantation humaine bien antérieure au Moyen Âge.

Autre témoin du patrimoine religieux local, l’église Sainte-Geneviève de Chavres, classée aux Monuments Historiques depuis 1951, remonte aux XIIe et XVIe siècles. Le village de Chavres fut pillé et détruit en 1652 par les troupes du prince de Condé pendant la Fronde.