Situé aux portes de l’Île-de-France, Lagny-le-Sec est un village riche d’une histoire dense et souvent méconnue. Son territoire s’étend jusqu’au hameau de Chantemerle et comprend de vastes terres agricoles, dont une ferme au sud témoigne encore aujourd’hui de cette vocation rurale.

Le domaine de Lagny-le-Sec, jadis appelé Latiniacum, fut offert par le roi Dagobert Ier à l’abbaye royale de Saint-Denis, illustrant l’importance du site dès le haut Moyen Âge. Mais l’origine du village remonte probablement à l’époque antique. C’est en tout cas ce qu’affirme, en 1833, la découverte d’une vingtaine de tombeaux antiques, dont certains contenaient des squelettes sans tête. Cependant, c’est sous l’époque médiévale que le village a prospéré puisque Lagny-le-Sec est profondément marqué par la présence des Templiers, qui y établirent une commanderie dès 1209. Cette dernière, appelée Maison du Temple, fut constituée après que les chevaliers aient acquis des terres, droits de justice et seigneurie auprès des religieux de la Charité-sur-Loire. Elle comptait parmi les six commanderies de l’Ordre de Malte dans le diocèse de Meaux. Elle possédait également une ferme et une chapelle dédiée à Saint-Christophe puis à Saint Jean-Baptiste, aujourd’hui disparues, ainsi que la ferme de Chantemerle. En tout, près de deux cent dix-sept hectares de terres leur appartenaient. Cette commanderie était une dépendance de la Commanderie de Saint-Jean de Senlis et, lors de la suppression de l’ordre au début du XIVe siècle, elle revint aux Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Au XVIIIe siècle, lors de la Révolution française, tous leurs biens devinrent des biens nationaux et, le siècle suivant, les bâtiments furent malheureusement détruits.

Un lieu emblématique du village est l’actuel établissement Pernin, autrefois Hôtel de la Bonne Rencontre. Il tient son nom d’un épisode mémorable : c’est ici que le prince de Conti et le prince de Condé, deux cousins alors en froid, tuèrent un cerf lors d’une chasse et scellèrent leur réconciliation. De nos jours, ce bâtiment est considéré comme appartenant au bourg de Le Plessis-Belleville, mais à l’époque, il était bien sur le territoire de Lagny.
Un événement marquant de l’histoire nationale est aussi lié à Lagny puisque, le 12 août 1429, Jeanne d’Arc y fit une halte au cours de sa campagne.

Le village est également lié à la destinée du chevalier de Jars, François II de Rochechouart (vers 1595 – 1670), un personnage haut en couleur de l’histoire française. Membre de l’ordre de Malte dès 1607, impliqué dans de nombreuses intrigues diplomatiques et politiques du XVIIe siècle, il échappa de justesse à la peine de mort en 1633 au moment même de monter sur l’échafaud. Après une vie d’exils, de complots et de captivité, il fut nommé à la tête de la commanderie de Lagny en 1647, sur recommandation du cardinal Mazarin et à la demande de la reine d’Angleterre Henriette-Marie.

Le XXe siècle a aussi marqué la mémoire du village. Pendant la Première Guerre mondiale, un groupement des divisions d’entraînement était installé un peu au sud de l’actuel aérodrome du Plessis-Belleville.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, dans la nuit du 4 au 5 juillet 1944, un bombardier B24H a été abattu et s’est écrasé au sud de Lagny, causant la mort des huit membres de l’équipage. Une stèle commémorative leur rend hommage à proximité du monument aux morts.

L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, dont le chœur et l’absis apparaissent au XVIe siècle, fut partiellement détruite en 1870. La nef reconstruite au XIXe siècle présente un décalage de hauteur avec le chœur, donnant à l’ensemble une silhouette originale. De style roman, elle abrite une cloche de 1739, prénommée Adrienne Marie Françoise, et offre un intérieur agréable, notamment grâce à ses colonnes peintes, ses chapiteaux romans et ses vitraux. Des rénovations ont été entreprises en 2019-2020 pour préserver le bâtiment.

Quant au château de Lagny, reconstruit au XIXe siècle dans le style brique et pierre du XVIIe siècle, il remplaçait sans doute une demeure plus ancienne. Transformé en maison de repos, il fut racheté par la commune en 1995 avant d’être démoli en 2017 pour cause de vétusté. Son parc, aujourd’hui ouvert à la promenade, demeure un lieu de détente apprécié des habitants.